2010
Traversées
Lucie Robert pratique le dessin depuis près de vingt ans, et son travail conduit à chaque fois le dessin au-delà des frontières à l’intérieur desquelles on tend à le cantonner. Dans Traversées, Lucie Robert présente des dessins arborant çà et là le motif récurrent d’une arabesque qui se déploie quelquefois en spirale, quelquefois en boucles, ou en combinant parfois les deux formes. La présence répétée du motif de la spirale nous laisse croire que, cette fois, Lucie Robert aborde la question du dessin en tant que mode de production de motifs. À travers les arabesques se racontera aussi et surtout le récit, chaque fois différent, d’un point en mouvement, depuis son entrée sur la surface de la feuille jusqu’à son immobilisation, avec, entre ces deux moments, un trajet en spirale, une direction donnée, un moment de vacillation, puis une agonie de l’élan. Alors que l’usage de l’aléatoire dans la formation de la forme tend à inspirer le plus souvent un discours sur la possibilité d’en reconnaître les conditions de production, chez Lucie Robert, cet usage, tel qu’elle l’investit, tend à ouvrir plutôt sur la possibilité de lire dans chaque volute un mouvement, un souffle, un élan dotés de qualités particulières. Il semble qu’en laissant le tracé prendre forme et s’évanouir de lui-même, Lucie Robert souhaite nous voir appeler à la barre des témoins non seulement des conditions de production, mais aussi et surtout des conditions d’existence, dans le temps, du tracement.
Conférence de Lucie Robert le samedi 23 janvier 2010 à 14 h.
Vernissage le samedi 23 janvier 2010 à 15 h.
Comme une sorte de surgissement
Le travail d'Eric Cardinal, artiste originaire de la région des Cantons de l'Est, est caractérisé par l'accumulation, la transformation et l'assemblage des objets usuels de toutes sortes. Par ce processus, il mise sur un rapport immédiat avec la matérialité des oeuvres qu'il présente, plutôt que sur l'attente d'un message livré par celles-ci. Dans cette optique, il fait en sorte que les transformations formelles, par lesquelles des objets anodins deviennent des oeuvres d'art, créent suffisamment de distance entre ce que ces objets représentaient à l'origine et ce qu'ils sont devenus. Pour l'exposition présentée à EXPRESSION, Eric Cardinal délaisse l'objet manipulé par une séquence de gestes simples et spontanés, pour s'intéresser davantage au matériau. Par une manipulation lente et contrôlée, l'artiste initie une seconde étape dans sa production : les formes et les textures obtenues sont traduites dans d'autres matières, faisant place à une nouvelle conceptualisation de l'oeuvre.
Conférence de Mathieu Beauséjour et d'Eric Cardinal le samedi 20 mars à 14 h.
Vernissage le samedi 20 mars à 15 h.
Des objets sur des tables
Il est souvent question d'architecture dans le travail de l'artiste montréalais Alexandre David. Sa pratique semble en effet prendre l'architecture, depuis sa représentation par le dessin jusqu'à sa perception par le spectateur, comme point de départ d'une réflexion sur notre rapport au monde construit. Il ne s'agit pas pour l'artiste d'un travail sur l'essence, mais plutôt d'opérer des transformations et des ajouts à l'espace, de créer un écart entre la forme et la matière, du dessin à l'expérience. En continuité avec sa démarche, l'exposition présentée à EXPRESSION est conçue comme la génération d'un lieu, avec ses espaces ouverts et clos, prenant forme par l'utilisation d'objets dans l'espace de la galerie. C'est seulement en circulant dans cet espace construit que le visiteur pourra découvrir chacun des éléments formant ce tout.
Conférence d'Alexandre David le samedi 5 juin à 14 h.
Vernissage le samedi 5 juin à 15 h.
All You Can Eat / Mangez tout ce que vous pouvez
Préoccupé par l’alimentation de ses contemporains, le photographe torontois Colwyn Griffith porte un regard postmoderne sur divers sites touristiques connus de par le monde. Par sa production, au rendu photographique commercial qui n’est pas sans rappeler celui utilisé dans les brochures qui promeuvent ces lieux de pèlerinage, il nous invite à tisser des liens entre les notions d’alimentation et de construction du territoire. À la frénésie d’une société de consommation correspond un environnement de moins en moins naturel que l’artiste dévoile sous l’aspect de paysages qu’il recrée en utilisant des aliments industrialisés issus de la malbouffe avant de les photographier. L’exposition présentée à EXPRESSION regroupe ces paysages choisis pour leur signification historique, politique ou culturelle. En complément, l’artiste propose dans la petite galerie une série de photographies portant sur l’architecture des bâtiments de restauration rapide.
Conférence de Colwyn Griffith et vernissage le samedi 21 août 2010 à 14 h.
En vain…
C'est avec une pointe d'ironie et d'humour que Patrick Bérubé, artiste montréalais originaire de Rimouski, interroge nos comportements et nos réactions face à différentes situations de menaces et d'impuissance. De fait, ses œuvres tentent, par l'association d'images et d'objets, par la photographie ou l'écriture, de souligner notre fragilité et notre maladresse relativement à ce genre de petites détresses, souvent inoffensives, mais ô combien troublantes ! Questionnant également notre recherche constante de pouvoir, de contrôle, de sécurité et de confort, l'artiste s'ingénie à démontrer que, malgré toutes ces précautions, certaines choses demeurent inéluctables, nous rendant vulnérables et victimes de nos craintes, de nos désirs et de la futilité des choses. Rassemblant des œuvres produites au cours de la dernière décennie et d'autres inédites, l'exposition présentée à EXPRESSION se veut un regard sur l'ambition et les espérances, les richesses et les plaisirs, ainsi que sur la perte d'identité et la débilité.
Conférence de Patrick Bérubé et vernissage le samedi 30 octobre 2010 à 14 h.