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orange 2012

Les Mangeurs

4e ÉDITION   15 / 09 / 12 — 28 / 10 / 12

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MOT DES COMMISSAIRES

ORANGE, L’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe, en est à sa quatrième édition. On peut désormais parler d'une manifestation triennale qui amalgame judicieusement l'art contemporain et l'agroalimentaire. Née de la constatation par des historiens de l'art de la place importante que prend la nourriture — comme sujet ou comme matériau — dans les œuvres d'art contemporain, elle a trouvé son parfait point d’ancrage à Saint-Hyacinthe, la capitale de l'agroalimentaire. Au fil des ans, c'est plus d'une cinquantaine d'artistes professionnels du Québec, du Canada et de plusieurs autres pays qui ont présenté des œuvres, souvent réalisées spécialement pour l'événement. Œuvres étranges visibles dans des locaux vacants du centre-ville, immenses photographies affichées sur la devanture du Marché public, parades éphémères, soupes populaires, animaux de ferme géants, les formes artistiques présentées sont très variées, c'est ce qui fait la particularité de l’événement.

Pour la présente édition, nous avons développé notre réflexion à partir de ce constat : sans nourriture, l’être vivant perd la vie. Derrière cette évidence se profile le lien étroit entre la nourriture et la mort. C'est ainsi que le fait de manger de la chair est pris en compte, que nous nous intéressons à l'abattage des animaux, à la chasse et à la décrépitude des aliments, aux rites et croyances impliquant la nourriture comme le cannibalisme. Ces considérations sont envisagées en regard de différents thèmes et concepts explorés depuis longtemps en art, telles que la nature morte, le tableau de chasse et le Memento Mori.

Cette double préoccupation — la mort et l’alimentation chez l’humain — a tôt fait de nous pousser à délaisser quelque peu la nourriture en tant que telle pour nous tourner vers celui qui l’ingurgite, d’où le titre de l’événement, Les Mangeurs. S’éloignant donc de la denrée, ORANGE 2012 s’intéresse plutôt à ceux qui mangent, à leur condition de mortels et à la relation complexe qu’ils entretiennent avec la nourriture.

Manger, cet acte de survie répété quotidiennement, pour peu qu’on y pense, nous confronte à notre instinct et à notre animalité. L’ingestion d’aliments à l’intérieur de ce corps mortel que l’on veut, paradoxalement, immortel, nous renvoie aussi à des comportements de deux ordres : individuel et collectif. Dans le premier cas — pour le corps intime —, on pense aux habitudes réconfortantes, aux angoisses et aux obsessions liées au fait de se nourrir. Dans le second cas — pour le corps social —, on se réfère aux commémorations, aux fêtes, aux sacrifices, aux offrandes, aux rituels.

Nécessité et fatalité. Envisagées ensemble ou séparément, la nourriture et la mort ont depuis toujours intéressé les artistes, de toute évidence fascinés par ces notions fondamentales qui caractérisent l’être humain. Les pistes explorées et les hypothèses envisagées trouvent ancrage dans les œuvres des dix-neuf artistes invités qui étendent la portée de ces considérations à travers des pratiques diversifiées, surprenantes, pleines de contrastes et de subtilités.

Ève Dorais, Véronique Grenier, Eve Katinoglou
Commissaires


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